Histoire du Billard !

Depuis toujours, toute invention à succès porte le nom de son inventeur. Que penser de l’imprimerie sans Gutemberg ou la photographie sans Niepce ? Tous les pays peuvent se vanter de moultes écrits et gravures datant du XV siècle, et comme tous les jeux populaires le billard a progressé, il s’est transformé au fur et à mesure du temps, et bien malin est celui qui peut se targuer de savoir ce qu’était le billard à l’origine…

LE  BILLARD DE TERRE

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Un lien semble pourtant lier le billard que nous connaissons,  aux jeux de plein air comme le croquet, qui se jouaient au sol sur des pelouses avec des Crosses recourbées (queue de billard) et des billes en bois d’une dizaine de centimètres de diamètre; la surface de jeu entourée de petits murs en chanvre tressé sont peut-être les ancêtres des bandes. Jeu qui se jouait au sol au 15ème siècle dans plusieurs pays et sous différents noms : « PALLE –MAIL » pour la France, « VILORTA » pour l’Espagne, « BOCCIE » en Italie, et en Angleterre le « PALL – MALL » ( croquet ) ou le « BALL – YARDS ».Notons l’importance du bâton recourbé, nommé BALL – YARD en Angleterre, BILHARD ou BILLARD en France, BIGLIA en Italie et VILORTA en Espagne, qui a donné son nom au billard contemporain.

LE BILLARD SUR TABLE.

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L’histoire du billard commence sous Louis XI. Souffrant de problèmes de dos, il aurait ordonné à son tourneur sur bois une table pour jouer au croquet à hauteur d’homme. Les premiers billards étaient simplement une table, sur laquelle un drap était posé, et les billes de couleurs poussées à l’aide de bâtons recourbés à leur extrémité. Le billard continue son histoire et Louis XIII proclame la fin de la période transitoire, debout sur un billard. L’ancêtre du billard moderne date du 17ème siècle, d’après certaines gravures, dont une de 1674 (représentant une table de billard munie de 6 poches avec 2 billes et un arceau de croquet ), il se pratiquait sur des tables munies de poches et avec seulement 2 billes, un arceau appelé « port » et une quille nommée le « roi ». C’est en 1674 que la 1ère de billard est imprimée, en anglais. Il apparaît dans le livre de C. Cotton : « The compleat Gamester » dixit M.Shamos. Des gravures représentent Louis XIV jouant au billard, un jeu alors reservé à la noblesse.

Pourtant avant la révolution française, on affirme qu’il existe à Paris énormement « d’académies » en permanence remplies par des habitués : joueurs et spectateurs, maîtres et amateurs. Les règles n’étaient pas les mêmes, et le jeu mélangeait chance et tactique. Règle simple : l’envoi de boules dans des poches situées sur le contour du billard.

Le 18ème siècle voit se développer multitude sortes de billard en Europe, Europe dans laquelle des salles poussent un peu partout , l’arceau disparaît de la table qui était constituée d’une simple planche, d’un tapis vert (l’herbe du début) et de bandes en bois : on fixa ensuite des tissus sur les bords pour améliorer le rebond des billes, et le bâton recourbé laisse place à la queue de billard. L’apparition d’une troisième bille (rouge) et la disparition du port et du roi (1770) marquent les prémices d’une longue évolution. Les règles du jeu étaient simple, on gagnait en faisant chuter la bille de son adversaire dans les poches et en réalisant des carambolages.

A l’époque le billard était très apprécié, il se popularise, il existait à Paris de nombreuses salles de billard attirant la masse, à tous moments de la journée, afin de voir jouer les « stars » locales. Un signe de changement dans le style de jeu, une gravure couleur de 1740 représentant une table de billard avec un tapis vert sans poche, peut être une source de l’origine du style français en carambolage… Le 19ème siècle a été très productif en matière d’innovations techniques au service du billard, ce qui rapproche ce billard à celui d’aujourd’hui. En 1807 une charte sur le billard de E.White naît, décrivant les différentes règles et les combines, déjà !! En 1823 un capitaine d’infanterie nommé Mingaud eut l’idée incroyable de fixer un morceau de cuir sur le bout de la crosse : résultat, sorti de prison où il pratiqua son jeu favori, il surprit tous les joueurs par les coups qu’il pouvait réaliser grâce à son procédé, particulièrement l’effet « retro » qui consiste à faire reculer une bille. L’amélioration de la jonction entre la queue et la bille, à la craie bleue inventée par l’Anglais John Carr. Appelée d’abord blanc « d’Espagne », aujourd’hui c’est le bleu. Après l’abandon des tables de bois pour le marbre et l’ardoise, vers 1835 le billard composé d’un important châssis en métal reçoit une ardoise de 3 à 5 mm d’épaisseur, elle vient remplacer le marbre. Au même moment, Goodyear rend, sans le savoir, un fier service au billard en inventant le caoutchouc, qui par la suite constituera les bandes de billard. En 1850 c’est la mise en place des mouches sur le bord des bandes par l’irlandais Phelan, un promoteur de billard aux Etats-Unis. Puis en 1868, c’est l’invention du celluloïd, une bonne nouvelle pour les animaux portant de l’ivoire… même si le billard artistique se jouait encore avec de l’ivoire en 1999 !

Carambolage ou Empochage deux styles qui s’affrontent.

Pour faire participer plus de joueurs autour de la même table, les anglais décidèrent les principes d’empochage et rajoutèrent des billes. Le nombre de billes sur la table ne cessant d’augmenter, il fût décidé de les ranger dans un triangle. On situe l’origine du snooker vers 1875 en pleine pérdiode coloniale,  sa popularité devint immense, jusqu’à devenir le sport national dans tous les pays de l’ancien Commonwealth.

En France les joueurs privilégièrent les carambolages et donc supprimèrent les poches. Le talent des joueurs était tel que les séries devenaient trop longues et le public ne voyait que très peu les billes bouger : on dessina alors des cadres sur le billard et on inventa des jeux où les carambolages ne sont valables que si il y a des bandes. C’est aux US que le billard trouve ses lettres de noblesse… Arrivé vers 1800, le billard se développa très vite dans tout le pays, générant de véritables spectacles attirant des centaines de spectateurs, venant voir les séries sans fin des français contre les américains. Deux types de billards cohabitaient, le Carambole et le Pool : donnant ainsi des champions comme Alferd de Oro, (né à Cuba) champion de Pool et de 3 Bandes en 1910, 1911 et 1913.

De 1890 à 1930 le billard se développa de façon spectaculaire grâce aux innovations techniques et à l’amélioration des règles de jeu.

Le billard carambole subit la désaffection du public à cause de la trop grande maîtrise des joueurs, J.Schaefer réalisant 690 de série en 1879 et l’inépuisable W.Hoppe (1887-1959) qui pouvait à 14 ans réaliser 2000 points à la « Libre », amenèrent les joueurs vers le 3 Bandes, plus compliqué. Maîtrisé par les Américains jusqu’en 1938, le 3 bandes (sport de professionnel) retrouva son pays d’origine lors de la finale du Championnat du monde à Paris, où Roger Conti anéantissa tous ses adversaires à 1,103 de générale.

Le Pool : son évolution se fit lors d’un championnat où le vainqueur ayant seulement rentré les billes numérotées de 11 à 15 (les Points étaient fonction du N° sur la bille), un spectateur de la salle proposa de rejouer la finale en donnant 1 Point par bille. Le « 14-1 » était né :  le seul mode de jeu officiel jusqu’en 1960 où le jeu de la 9 fut introduit en compétition.